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Café du dialogue interculturel du Mercredi 4 mars 2020 Marseille 1er



85 personnes étaient présentes dans la cantine de COCO VELTEN, 16 rue Bernard du bois Marseille 1er. Ce café du dialogue a eu lieu au cours de la manifestation « Cœurs de Femmes 2020 » du 4 et 5 mars Coordonné par le Forum Femmes Méditerranée, organisation déléguée et un collectif de 53 associations.
Les intervenantes étaient :
Esther FOUCHIER, déléguée générale du réseau français
Nadia GASMI administratrice du FFM et Sérénade CHAFIK, écrivaine Egyptienne
Deux féministes Marocaines de la Fédération de la ligue Démocratique pour les Droits de la Femme et
Yasmine MOULOUD qui a clôturé ce café avec des chants berbères.

Il a été abordé les questions suivantes, les mêmes que celles abordées dans le livret réalisé.
L’inter culturalité n’est pas une pratique nouvelle, mais si elle offre un prisme de lecture pertinent, l’adoption de sa démarche implique un engagement des acteurs et leur compréhension des concepts en jeu. Comment construire l’interculturel ? Et si on commençait par un nouveau regard sur la notion de « cultures » ?
Esther FOUCHIER est intervenu en introduction sur 3 point essentiels
Dialogue interculturel et universalité des droits
Dialogue interculturel autour de points communs, de mode de vie, de valeur, d’actions culturelles à partir du MANUEL SUR L'ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ INTERCULTURELLE
Chaque thème a été entrecoupé de lectures de poèmes

 Retrouver les vidéos du café:
 Partie 1

 Partie 2  




INTERVENTION D’ESTHER FOUCHIER EN INTRODUCTION

DU CAFE DU DIALOGUE INTERCULTUREL MERCREDI 4 MARS 15H00 COCO VELTEN


(Chaque thème était entrecoupé de lectures de poèmes)

Comment penser les interactions et questions culturelles à l’heure de la mondialisation et de la modernité ? L’interculturalité n’est pas une pratique nouvelle, mais si elle offre un prisme de lecture pertinent, l’adoption de sa démarche implique un engagement des acteurs et leur compréhension des concepts en jeu. Comment construire l’interculturel ? Et si on commençait par un nouveau regard sur la notion de « cultures » ?


1) dialogue interculturel et respect des cultures


Au lieu de parler de respect des cultures, ne vaut-il pas mieux parler de codes et normes à respecter, et parfois de codes et normes à ne pas respecter. Le traditionnel respect des cultures implique un respect des structures sociales, donc souvent une acceptation de la gérontocratie patriarcale et de la minorisation des femmes. Faut-il respecter les crimes commis pour sauver l’honneur bafoué ou la peine capitale au nom de la culture, des pratiques qui sont justifiées au nom de la culture ancestrale du peuple ?.

Ce qui importe, dans des cas moins dramatiques, comme les modes vestimentaires, culinaires ou linguistiques, c’est de parler en codes, c’est-à-dire de rester sur un plan fonctionnel, sans engager les cultures ou les valeurs. Porter la casquette à l’endroit ne vaut pas mieux que de la porter à l’envers, mais chaque contexte dicte ses conventions, qui ne sont que des conventions. Les jeunes ont parfois du mal à comprendre qu’un langage qui passe très bien dans la rue ne passe pas dans la vie familiale ou professionnelle. Pour cela, mieux vaut parler de sphères culturelles que de culture. Une sphère culturelle est liée à un milieu précis, à un milieu professionnel, sportif, idéologique ou religieux … Peut-on encore parler de « rencontres (ou : dialogue) des cultures », sachant que ce sont des êtres vivants qui se rencontrent dans des situations concrètes et singulières, et non des cultures ; mais encore que les rencontres se situent toujours dans une sphère culturelle précise et non entre des entités globales, embrassant toute l’existence ? Peut-on encore parler de « respect des cultures » comme si les cultures étaient des êtres parfaits, sacrés, échappant à l’histoire alors que toutes les sphères culturelles sont en perpétuelle évolution les unes sous l’influence des autres ? Peut-on encore attribuer « une » culture à une société, et ne serait-il pas plus exact de toujours préciser de quelle culture il s’agit : de la culture politique, de la culture économique, de la culture écologique, de la culture sportive … ? Il serait bon de réserver le terme de culture, avec un article défini au singulier, au dynamisme à l’œuvre dans les activités humaines.

Enfin, il serait utile de revoir le sens de notions souvent associées à celle de culture : dans une perspective interculturelle, que deviennent l’identité, la communauté, la différence … ?


2) dialogue interculturel et universalité des droits


Depuis 20 ans, le FFM a crée« les Filles d’Abraham en Dialogue » qui regroupent des femmes de toutes les religions et des athées et il estime que ce dialogue doit prendre en compte les préoccupations des femmes et leurs besoins propres dans le cadre de l’élaboration des actions. Le dialogue interculturel peut être un mécanisme efficace pour répercuter, exposer et condamner les pratiques qui constituent une violation des droits humains et musèlent les femmes. En conséquence, le dialogue interculturel a un rôle de plus en plus important pour promouvoir l’identité et la citoyenneté. Mais « les Filles d’Abraham en Dialogue ont constaté que c’est dans un climat de plus en plus conservateur que l’Europe voit une augmentation de l’influence de la religion – de toutes les religions - sur le politique. Le groupe de recherche « les Filles d’Abraham en Dialogue » estime important de construire une Europe respectant les principes de l’égalité femmes et hommes et la laïcité.

Certaines pratiques culturelles et religieuses portent atteinte à l’intégrité des femmes. Ces pratiques patriarcales et religieuses permettent l’oppression des femmes et leur maintien dans un statut de mineures. Toutes ces pratiques doivent être dénoncées en tant que violation des droits humains des femmes.

« les Filles d’Abraham en Dialogue « s’interrogent : ce respect des cultures et/ou de la tradition permet-il de mettre en danger des femmes et des fillettes ? Doit-il justifier les violations des droits des femmes et accepter qu’au nom du respect des cultures des femmes et des filles mineures soient excisées, mariées de force, tuées pour les prétendus « crimes d'honneur » et être lapidées ?

Nous savons qu’il faut réfléchir ensemble à l’avenir des femmes dans les religions monothéistes et œuvrer ensemble pour éliminer toute forme de discrimination envers les femmes au nom d’une religion, d’une pratique cultuelle ou culturelle.

3) dialogue interculturel autour de points communs, de mode de vie, de valeur, d’actions culturelles à partir du MANUEL SUR L'ÉDUCATION À LA CITOYENNETÉ INTERCULTURELLE


Ø Il met en avant le dialogue interculturel pour une meilleure participation citoyenne. La Fondation Anna Lindh développe ce manuel pour fournir des compétences et des outils pour l'enseignement et l'apprentissage des valeurs de dialogue, de pluralisme, de respect, de démocratie, de participation et de cohésion sociale qui peuvent promouvoir le rôle du " Citoyen interculturel Euro-Méditerranéen» comme un agent du changement dans les sociétés multiculturelles.

Ce manuel a été réalisé par plus de 300 éducateurs et mêlent réflexions théoriques, cas pratiques et exemples d’exercices pédagogiques. Il met en avant l’importance d’un partage d’expériences vécues et d’une création de nouvelles expériences communes afin tout à la fois de se sentir partie intégrante d’un groupe et de s’appuyer sur une réalité concrète quand bien même elle serait subjective.

Les objectifs visés sont l’émancipation, l’enrichissement et la coopération des jeunes de l’espace euro-méditerranéen, sachant que ces trois notions ne peuvent se réaliser séparément. Ce manuel encourage à un apprentissage de la communication et de l’interaction avec l’autre.