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CAFÉ DU DIALOGUE INTERCULTUREL Animé par Esther Fouchier Samedi 25 mai 2019 entre 11h et 12h au cours de la manifestation « Faites de la Fraternité » au Théâtre Toursky, 3ème arrondissement de Marseille.










Afin de sensibiliser le public, pour changer les mentalités et établir des liens et des points communs entre différentes cultures, communautés et personnes, favorisant la compréhension et l'interaction Esther Fouchier , déléguée générale du Réseau français de la FAL a animé un café du dialogue interculturel le samedi 25 mai 2019 entre 11h et 12h au cours de la manifestation « Faites de la Fraternité » au Théâtre Toursky dans le 3ème arrondissement de Marseille.

La Faites de la Fraternité est un événement pensé, concocté, soutenu et organisé par de nombreuses associations dont le Forum Femmes Méditerranée.





Les partenaires :


Association ACEDOF • Association À la Culture Citoyens • Associations des Amis de Richard Martin • Association Duanama • Association Horizontes Del Sur • Arts & développement • ATTAC • Bibliothèque Paul Cézanne • CALMS • Centre Social de Saint-Mauront • Collectif 143 • La Croix rouge • Couleur d’Orange • Espace Lecture de Saint-Mauront • L’École maternelle Édouard Vaillant, Stéphane Oualid • Fondation Abbé Pierre • France Bleu Provence • Fédération Léo Lagrange, Frédéric Rosmini • Fédération des Sociétés Musicales de la Communauté de Valence • Forum Femmes Méditerranée • Horizontes del Sur • Lycée le Chatelier (Marseille, 3e) • Lycée Saint-Charles (Marseille, 1er), Stéphane Rio • Maïs International • Maison Mondiale des Femmes • Maison de quartier La Mareschale • Maison pour tous de la Belle de Mai • Maison pour tous de Saint-Mauront • OLPA • Paroles d’enfants • Pacte civique, Michel Dallaporta • Le Relais des possibles • Radio Galère • Radio Grenouille • Radio Zinzine • SOS Méditerranée • Les Sœurs optimistes • Théâtre Toursky, Cie Richard Martin International • Union des Femmes du monde • Ville de Septèmes-les-Vallons • Yoyo France • Ze Bus Et aussi… • Amri, Calligraphe • Léa Canu-Ginoux, Danseuse • Fabienne Devynck, Directrice Le Relais des Possibles • Jean-Pierre Lanfrey, Universitaire enseignant en politique culturelle et Président du Relais des Possibles • Philippe Langevin, Économiste et Maître de Conférence à l’Université d’Aix-Marseille • Richard Martin, Comédien, Metteur en scène et Directeur du Théâtre Toursky • Henri Marquet, artiste plasticien • Christina Rosmini, Auteure, Compositeur, Interprète • Sophie Vernet, Photographe.


·        Intervention d’Esther Fouchier « Interculturalité et fraternité »



Les deux termes sont indissociables, ils font partie des gènes même du Forum Femmes Méditerranée, trois mots pour une éthique que nous portons depuis plus d’un quart de siècle.


Forum : pour rapprochement, rassemblement fraternel


Femmes : pour la moitié du genre humain (mais sans exclusive)


Méditerranée : notre mer qui est notre mère et notre souhait d’unir ses rives dans la paix et dans l’interculturalité.


Nous n’allons pas brasser les grands principes du dialogue interculturel que nous connaissons, que vous connaissez et que nous partageons avec vous tous et toutes, ici présents.


Nous irons dans le concret, dans le vécu, pour vous expliquer ce que l’on peut faire au quotidien avec peu de moyens (mais, hélas, il en faut), une volonté tenace et une grande détermination.


Dès ses origines, le Forum a été porteur d’un projet pour valoriser l’interculturalité auprès de femmes qui souhaitaient écrire et souvent n’osaient pas le faire, par manque de moyens ou d’audace face à des difficultés qu’elles ne se sentaient pas capables de surmonter si elles n’étaient pas épaulées.


C’est ainsi qu’est né « Le concours international de nouvelles des femmes de la Méditerranée ».


Dans l’optique d’interculturalité ou de dialogue interculturel, la langue utilisée n’a pas été un obstacle, chaque candidate pouvant choisir de s’exprimer en français, dans son idiome maternel, s’il était autre par exemple arabe ou berbère), ou tout autre langue de son choix, ainsi récemment cette Bulgare immigrée en Espagne et qui nous a envoyé une nouvelle écrite dans un espagnol impeccable.


Bien sûr les activités du Forum dans le domaine du dialogue interculturel ne se limitent pas au concours de nouvelles.


Voir tout ce qui a été fait pour les activités sources de revenus, l’autonomisation des femmes, etc.


Et aussi les colloques internationaux sur les pourtours de la Méditerranée avec nos intervenantes accompagnées des « travaux pratiques » du Forum : femmes des quartiers défavorisées de Marseille, jeunes handicapés avec leurs accompagnateurs (exemple à Dubrovnik), tout un programme pour découvrir l’autre, les autres…


Et en réciproque, visite d’associations locales, dans les quartiers eux aussi défavorisés ou qui s’occupent de cas sociaux (ex : à Turin, à Madrid, à Porto et même à Londres).






Marie Josée Pujol, administratrice du FFM et animatrice d’ateliers d’écriture a lu des extraits de nouvelles issues de recueils édités par le FFM lors des différents concours internationaux de nouvelles que le FFM organise depuis 1996


Extrait de la nouvelle « La cafetière » de Soumya Amar-Khodja issue du recueil de 1996


Cette nouvelle raconte la brève histoire d'un petit garçon, Zairiou, qui aujourd'hui n'éclate plus de rire, (qui) ne sait plus le faire ». Le séisme l'a chassé de sa maison de la Casbah., à Alger et a inexorablement poussé sa mère dans une sorte d'hébétude dont elle a de plus en plus de mal à sortir. Comme tous ceux qui ont signé «un pacte avec le malheur », le petit garçon vit avec ses compagnons d'infortune, depuis maintenant quatre ans, sous la tente, en dehors de la ville. Tous, l'État et Dieu, les ont oubliés, Zainou comme tous les délaissés du campement essaie de faire front et de continuer à vivre. La décharge voisine offre mille et un trésors possibles. Il y découvre une cafetière.. De quoi faire revenir le sourire de sa mère! Il tient sa trouvaille bien en mains. C'est alors que: Zainou se sent propulsé hors de son corps,. Il se Sent devenir mille étoiles et le mouvement s'arrête brusquement, l’enfant atteint une cime sur laquelle i1 voit le visage rond de la mère briller doucement comme un soleil couchant.... Et il glisse sur l'autre versant de la cime alors que se répercutent en lui les mots: la cafetière, la cafetière..... »


Le récit, à travers la concision qui caractérise la nouvelle, propose une sorte de définition multiforme du malheur. C'est d'abord le malheur d'être né pauvre. Mais alors l'affection d'une mère, entre les membres d'une même famille, la solidarité entre les habitants d'un même quartier, maintiennent le rire et quelque chose qui, s'il ne peut se nommer espoir, n'a pas figure du désespoir. Mais quand surviennent d'autres malheurs, par une fatalité naturelle (le séisme) et sociale (la relégation et l'oubli volontaire), quelque chose se casse; il y a perte de ce qui en chacun constitue sa part d'humanité. Concentration des malheurs, qui prend des allures de machine implacable et fait du pauvre celui qui est condamné à être laminé. Le courage du petit garçon et de ceux qui vivent dans la même situation est aussi admirable que dérisoire.

Extrait de la nouvelle « la différence » d’une lauréate de Croatie du recueil de nouvelles de 2003 Mirjana Kazja


Michelle Moisseson secrétaire générale du FFM a lu également « le cœur qui danse » de Aliona Saenco.


Cette Bulgare immigrée en Espagne et écrit dans un espagnol impeccable" : le cœur qui danse » (le cœur d'une jeune espagnole dans le corps d'un jeune garçon bulgare qui devient épris du flamenco), un beau thème d'inter culturalité.


Le cœur qui danse



« Le feu qui meurt pour renaître
c’est le flamenco »
(Jean Cocteau)

« Aujourd’hui, qui a un cœur pur
comprend le flamenco »
(Antonio Canalès)

I.

C’est terrible de connaître le diagnostic : déficience congénitale du cœur, surtout quand tu as tout juste 10 ans, quand la vie commence à peine, quand tu n’as pas encore tout fait, pas vécu, pas fait tes preuves ! Et quelle peine incommensurable pour des parents qui ont un fils unique !

Sergio aussitôt commença à se sentir de moins en moins bien : il suffoquait, sa peau prit, peu à peu, une couleur grise. C’était un garçon très vif, toujours débordant d’énergie, et qui aimait tous les sports, particulièrement la natation. C’était sa nature.

Les parents, inquiets, immédiatement décidèrent d’aller à une consultation médicale pour leur fils. Cependant, comme ils faisaient pas confiance au service public médical de Moldavie, ils firent appel à des médecins d’une clinique privée, la plus réputée de la capitale. C’est là qu’ils apprirent le terrible diagnostic.

Sofia et Constantino ne pouvaient croire que pareille chose ait pu arriver à ce qu’ils avaient de plus précieux dans leur existence, leur enfant. Ils se mirent à se commémorer chacune des années de la vie de leur fils, mais ils ne trouvèrent aucun symptôme précurseur de cette déficience qui pourtant devait bien être là, patientant avant de se manifester. Il n’y avait pas eu dans les générations précédentes, des deux côtés, des cas semblables. Par conséquent, la génétique ici n’était pas en faute.

Ils s’étaient préparés avec beaucoup de soins pour la future grossesse. Aucun des deux n’avaient des habitudes néfastes à la santé, Sofia n’abusait pas des médicaments ; en principe, elle n’en était pas partisane, c’est pour dire, comment aurait-elle pu causer un quelconque préjudice au bébé ?

Alors, comment ce problème est-il survenu ? Et surtout d’ordre congénital ? Que faire, comment sauver leur fils ? Comment le maintenir en vie ? De plus, les médecins assuraient que dans ce cas précis, une opération ne servirait à rien.

A force de penser à la question, Sofia commença à chercher des informations sur Internet, dans les pages web de médecine et sur les divers forums. Assez vite, il devint évident que le seul moyen de sauver Sergio serait une transplantation cardiaque. Elle appela Constantino, lui montra cette information. Tous deux, ensemble, parvinrent à la même conclusion : ils habitaient en Moldavie, ils vivaient dans la capitale. Mais, ici, rien serait possible. Pourtant, il fallait agir.

– Je vais lutter pour lui, dit Sofia avec conviction.
– Nous allons lutter pour lui, déclara Constantin et il prit sa femme dans ses bras.

Celle-ci tenta de se retenir, mais elle ne le put et elle se mit à pleurer alors que cela ne lui était plus arrivé depuis plusieurs années. Il est vrai que, jusqu’à ce jour, ils étaient si heureux…

Sofia était l’unique fille de la famille. Son père dirigeait une agence de voyages et après ses études à l’université, elle se mit à l’assister dans tous les domaines, car, un jour, elle devrait prendre la direction de l’agence. C’est à l’agence même qu’elle rencontra Constantino, le jeune propriétaire d’un petit mais très connu cabinet d’avocats de Chisinau. Ce jour-là, il était venu pour réserver, bien à l’avance, un voyage en Europe pour ses amis et lui-même.

Immédiatement quand il vit Sofia, élégante, souriante, brune avec de beaux yeux marrons, il oublia pratiquement ce pourquoi il était venu.

Ce fut le coup de foudre, ce qui ne lui était jamais arrivé ; et avant ce jour béni du printemps, ce genre de chose l’aurait laissé sceptique. Finalement, au lieu de voyager en compagnie de ses amis, il préféra voyager avec elle.

Avant de partir tous les deux en voyage, il lui donnait rendez-vous tous les jours, ils allaient au restaurant, au cinéma, au concert, ils promenaient ensemble et discutaient beaucoup, se trouvant chaque jour davantage de convergences d’intérêts et d’opinions.

C’est ainsi que Sofia tomba amoureuse de Constantino. Comment aurait-elle pu faire autrement ? Charmant, avec des yeux marrons comme les siens, brun, grand, éduqué, attentif, intelligent et bon. Vraiment pouvait-elle lui résister ? Et ses amies, qui l’enviaient ! A l’évidence, pour lui, les autres filles n’existaient pas. Sofia était devenue le centre de son univers. Pourtant, ses propres amis, pour étrange que cela pût paraître, ne se moquaient pas de lui, reconnaissant comme lui qu’elle était enchanteresse, belle, gentille, sociable et de plus non dépourvue d’humour. Bref, les amis de chacun des tourtereaux étaient persuadés que l’on n’était pas loin de la Marche nuptiale. Et ils avaient raison.

Ensuite, ce fut la naissance de Sergio. Il ne ressemblait absolument pas à ses parents qui avaient des yeux marrons et des cheveux bruns.

– Mon chéri, je ne comprends pas, pourquoi as-tu les yeux bleus et les cheveux roux ?, demandait en souriant Constantino, quand il advint clairement que ce n’était plus le bleu des yeux de la petite enfance.

– En réalité, tout est bien simple. Tu ne le comprends pas parce qu’une de mes aïeules n’a pas vécu jusqu’à la naissance de son arrière-petit-fils. Elle était rousse avec des yeux bleus. Très jolie, en l’occurrence. Mon grand-père avait caché cela à tout le monde. Donc, notre fils serait comme son ancêtre. Pauvres filles !, lui rétorqua Sofia.

– Bien, ce serait ton ancêtre à toi. Alors, tu me changes toute notre généalogie : nous avons des roux aux yeux bleus, conclut Constantino, en riant.

– Nous n’en avions pas avant, mais maintenant nous en avons. Peut-être, il y en aura davantage, dit Sofia en clignant de l’œil.

C’était si bien de vivre ainsi tous les trois. L’enfant grandissait, superbe comme sa bisaïeule, gracieux comme sa mère et entêté comme son père. Chaque année la famille partait en voyage quelque part. Cependant, elle n’envisageait pas de quitter définitivement Chisinau, la ville natale. Ici vivaient les parents, prospéraient ses affaires et résonnait la langue maternelle. En vérité, deux langues étaient pratiquées en famille. En effet, pour donner le maximum de chances dans sa vie à leur fils, ils avaient décidé de parler russe à la maison et de choisir un jardin d’enfants puis une école où l’on enseignait en roumain. Ainsi, le garçon pourrait dès sa tendre enfance apprendre les deux idiomes à la fois et leur ajouter ensuite les langues étrangères.

Tout allait comme ils l’avaient prévu. Sergio était un enfant très éveillé, il faisait des étincelles. Quand ce fut le temps d’aller à l’école, il parlait déjà les deux langues et, en plus, il commençait à comprendre l’anglais. Ensuite, il se passionna pour la natation, il avait une foule de projets en tête.

Et maintenant… Maintenant, tout peut être fini. Les pensées de Sofia s’appesantirent sur ce jour même, aujourd’hui.

Elle serra fortement son mari contre elle et l’embrassa. Puis, elle s’en alla voir son fils dans sa chambre. Sergio était allongé sur le lit et regardait le plafond.

– Mon petit Sergio, l’appela Sophie à voix basse.
L’enfant tourna le regard vers sa mère. Il y avait tant de tristesse dans ses yeux bleus qu’elle se mordit les lèvres pour ne pas pleurer de nouveau. Elle lui caressa le visage et lui dit :

– Tout est toujours allé très bien. Maintenant, ça ira aussi. Tu verras. As-tu confiance en nous, en moi et en ton papa, mon fils chéri à moi ?

– Oui, maman.

– Alors, pour rien au monde, ne sois pas en souci. Tu vas vivre. Je te le promets.

– Bien, maman, répondit doucement son fils.


2.

Cinq ans s’écoulèrent. Sergio s’en fut à nouveau au festival de flamenco en Espagne. Cette fois-ci, ses parents restèrent à Chisinau. En effet, madame Victoria leur avait promis qu’elle le recevrait elle-même et qu’elle veillerait à ce qu’il mange bien et à ce qu’il ne se couche pas trop tard.

– Sais-tu, mon chéri, que tout ceci me paraît toujours fort étrange, dit Sofia à son mari, un soir au souper.

– Que veux-tu dire exactement ?

– A savoir, sa passion pour tout ce qui est espagnol : le parler, les danses, les coutumes, la cuisine. Je ne sais pas, continua-telle, d’un air pensif. Te rappelles-tu comment tout cela démarra d’un coup ? T’en souviens-tu ? Il exigea, voici quelques années, que nous l’inscrivions immédiatement au lycée Cervantès de Chisinau, le lycée où l’on enseignait l’espagnol. Puis, à peine le médecin lui avait-il permis un retour à une vie normale, qu’il se mit à apprendre les danses latino-américaines et qu’il finit par choisir le flamenco, qui devint sa passion principale bien qu’il fût très difficile de trouver à Chisinau un bon maître de flamenco.

– Pour être honnête, tout ceci ne me surprend absolument pas. Notre fils voulait apprendre l’espagnol, pourquoi cela te paraît-il si étrange ? Son amour pour la danse non plus ne me surprend pas. Il y a tellement de danseurs connus du monde entier. Justement, les danseurs de flamenco. C’est autre chose qui m’étonne. Pourquoi cette petite vieille a choisi précisément, parmi tous les danseurs, notre fils pour en faire son protégé ? Tout ce qu’elle entreprend pour lui, là-bas, en Espagne, me paraît des plus sincères. Elle y met tout son cœur.

Cela ne te surprend pas ?, lui demanda Constantino.

– Peut-être, répondit Sofia. C’est quand même bizarre. Ne dirait-on pas que notre fils se sent être dans la peau d’un autre ?

– Je ne sais pas, je ne sais pas…

Au bout d’une semaine Sergio revint. Un mois plus tard, une lettre arriva d’Espagne. Dans l’enveloppe, il y avait un document officiel du transfert des droits de tous les biens meubles et immeubles de Madame Victoria Fernandès au nom de Sergio. En outre, il y avait une lettre qu’elle avait écrite depuis six mois et qu’elle avait déposée chez le notaire avec son testament :

« Cher Sergio, chers Sofia et Constantino,

Pardonnez-moi de ne pas vous l’avoir dit tout de suite, mais je suppose que les émotions et les débordements excessifs pourraient nuire à Sergio.

Ce jour-là, il y a cinq ans à l’hôpital de Madrid, moi aussi j’étais là. Ma petite-fille chérie, Ana, était en soins intensifs, à la suite d’un accident, mais on ne pouvait pas la sauver. On la tenait en vie à l’aide d’appareils pendant que vous pleuriez dans le couloir tandis que votre fils se mourait, car son cœur ne résistait plus. Vous n’avez pas remarqué ma présence et aujourd’hui vous ne pouvez pas vous en souvenir. Evidemment, moi, je ne vous ai pas oubliés. J’ai vu aussi votre fils, le petit Sergio, lorsqu’on l’a transporté à la salle de soins intensifs. On aurait dit un angelot. Il était encore possible de le sauver. J’appelai le docteur, je lui dis exactement ce que je voulais faire et j’ai signé tous les papiers nécessaires. En contre partie, j’ai demandé seulement que l’on me communique le nom de l’enfant. Le soir-même eut lieu la transplantation cardiaque. Ce fut le cœur de mon Anita.


Elle adorait danser, et par dessus tout, le flamenco. Si vous l’aviez vue, au moins une fois en train de danser vous auriez compris que son cœur dansait à l’unisson avec elle. C’est pour cela que je savais, moi, que ce cœur dansant ainsi appellerait Sergio à sa patrie. C’est ce qui arriva. Je suis heureuse qu’une part de ma petite-fille vive comme avant. Que ce cœur, son cœur, continue à danser ! »
Aliona Saenco